mardi 17 avril 2012

PASSER SON PERMIS DE CONDUIRE AUX USA: Un jeu d’enfant….

J’ai l’immense plaisir ce soir de vous annoncer qu’aujourd’hui, je viens d’obtenir mon permis de conduire de l’état du Missouri ! Et du premier coup et en moins de 2 mois! Comme quoi, la réussite du permis de conduire est bien relative selon les pays! :)

En exclusivité pour vous, voici les différentes étapes qui m’ont amené à cet "exploit" d’aujourd’hui : 

Je me suis tout d’abord renseignée auprès de l’auto-école (License office) la plus proche de chez moi. Le but était de savoir quelles étaient les démarches administratives pour les étrangers comme moi  sous Visa J-1 et aussi d’obtenir quelques informations sur l’examen du permis de conduire américain. Ils m’ont donné la liste des documents que je devrais avoir en possession avant de passer le test écrit, à savoir : mon passeport, le I-94, le DS 2019, une lettre de l’école confirmant mon statut de stagiaire,  une lettre de la sécurité sociale expliquant que je n’avais justement pas de numéro ( ce n’est pas toujours nécessaire suivant les statuts..). On m’a expliqué que le permis de l’état du Missouri, en l’occurrence, était composé de quatre examens que j’expliciterai plus loin dans l’article: le « written test » (test écrit), le « road sign test », (test des panneaux), le « vision test » (test de la vue) et le « driving test » (test de conduite). Quelques jours plus tard, je me suis présentée à un bureau local de Sécurité Sociale américaine et en cinq minutes, ils m’ont fait la lettre ! Ah ca change de l’administration française !

J’ai lu brièvement le livret du code de la route qui est gratuit et accessible dans toutes les auto-écoles. Et dire qu’en France, même le bouquin est payant ! Le livret, d’une centaine de pages, m’a parut un peu complexe au premier abord, étant donné qu il ne soit pas écrit dans ma langue maternelle, mais je me suis surtout occupée à retenir les informations essentielles, incontournables comme les limitations de vitesse, le marquage des routes au lieu de chercher à tout retenir par cœur. J’avais étudié et aussi passé le code de la route en France donc je ne me faisais pas trop de soucis malgré tout : les panneaux et règles de conduite sont quasiment semblables aux Etats-Unis. Je me suis donc préparée pour le « written test » qui est l’équivalent de notre examen théorique et sur un coup de tête un matin, dans un élan de confiance de moi, je me suis rendue dans une auto-école! Aux Etats Unis, il n’y a pas d’entrainement sur DVD comme en France, chacun apprend chez soi ! J’ai passé le code de la route en français, oui nous pouvons choisir la langue ! Ils sont sympas ces américains ! A la manière traditionnelle, c'est-à-dire directement sur papier, j’ai répondu à un QCM. Il y avait au total quarante questions sur lesquelles j’ai hésité plus ou moins.. Je dirais que le niveau de difficulté est semblable à celui de l’examen théorique français. L’avantage est que le temps n'est pas limité.

J’ai passé les  tests de vue et de panneaux en un temps record. Ce sont les deux tests que j’avais mentionné plus haut : le « vision test » et le « road sign test ». En ce qui concerne le premier, il est juste question d’un examen de la vue des plus basiques (lecture des lettres de l’alphabet sur un ordinateur) qui prends une minute ensuite dans le deuxième, il s’agit de dire la signification des panneaux routiers. S’il y a UN souci dans ce dernier test, cela ne peut être que la langue anglaise. L’examinateur, pressé de remplir cette formalité, pose les 4-5 questions de manière assez rapide.

J’ai fais les démarches nécessaires pour obtenir la permission de conduire avec un adulte aussitôt après avoir réussi mon code de la route, du premier coup soit dit en passant. Je me suis rendue à nouveau dans un « Driver License bureau » avec les résultats de mon test et une sorte de « permis temporaire » m’a été délivré. Prix : $3.50= 2 euros ! Il me donne le privilège d’apprendre à conduire avec l’ami de mon choix, qui a plus de 21 ans et qui a bien entendu le permis depuis un certain nombre d’années. Meme chose que pour l’examen du code : Il n’y a strictement aucune leçon de conduite à suivre. On s’entraine librement, ou on veut, quand on veut. Ce permis d’instruction, temporaire est valable 6 mois. Cette configuration fait toute la différence : nous sommes bien loin du permis français ou le moniteur mets tout en œuvre pour voler les étudiants à travers toutes ces leçons de conduite interminables. A mes heures perdues et sans dépenser un sou, j’ai donc appris à conduire sur les routes américaines en compagnie de mon amie-monitrice Molly et me suis préparée petit à petit au test final, tant redouté en France !!! L’examen pratique ! The driving test !

Et enfin, j’ai passé le test de conduite en candidat libre avec la voiture sur laquelle je m’étais entrainée auparavant. Avant de me rendre à l’examen, je m’etais bien assurée que je connaissais tous les équipements de ma voiture  et que je savais surtout les faire fonctionner : Moi et Molly, nous avons passé en revue klaxon, feux de position, essuie-glaces, etc.. et fais une belle série de « parallel parking » «ces fameux créneaux » qui a malheureusement servi à peu de choses car ma voiture a heurté un plot arrière au moment fatidique… Le test n’a duré qu’une quinzaine de minutes : après l’épisode mitigé du parking, j’ai conduit dans un quartier résidentiel aux routes régulées uniquement par des stops. Ce moment m’a permis de retrouver le sang-froid que j’avais perdu dès les premières minutes. Même si je me suis efforcée à désacraliser ce fameux examen du permis de conduire parce qu’il  avait lieu aux Etats Unis, sur des routes larges et découpées simplement et dans un pays ou le permis s’acquiert presque comme une paire de chaussures, je n’ai pu m’empêcher de ressentir une petite nervosité bien française et de voir mentalement en grand le tableau alarmant de «Moi-même en train de passer le permis, Attention !… » Et ce n’est pas faute de me répéter : " Aux USA, le permis, c’est rien, ca ne se fête même pas tellement il est gagné d’avance "

Maintenant, je peux affirmer que OUI en effet, il est plus facile à obtenir qu’en France ou que dans d’autres pays d’Europe. Et OUI, il ne coûte rien. Et OUI, il est tout de même moins stressant. 

Autre avantage : Après l’épreuve de conduite, l’examinateur nous dit directement si nous avons réussi ou échoué, ainsi nous évitons de torturer nos esprits (ils le sont déjà assez comme ça !) durant les jours suivants avec des « ouis et des nons »...

Pour obtenir ma nouvelle carte d’identité made in USA (la carte du permis de conduire est un papier d’identité très courant aux Etats unis), il ne me reste plus qu’à montrer une dernière fois mes papiers d’immigration, cités plus haut, et régler 20 dollars.





mercredi 8 février 2012

Une Journée A SLLIS! (St Louis Language Immersion Schools)

  Tous les matins, du lundi au vendredi, ma mère d’accueil me dépose à l’école en même temps que sa fille vers 8h20.  Mon grand thermos de café dans une main (preuve que je suis devenue américaine!) et ma sacoche d’ordinateur dans l’autre, je me dirige vers ma salle de classe 1C, en veillant à répondre chaleureusement à tous les « Hi » et « Hellos » de mes collègues. Mon « Hellooo » le plus enthousiaste revient à ma principale collègue, Madame Marie France, la « lead teacher » avec qui je travaille dans la salle de classe. Nous nous entendons  à merveille.

8h45-9h15: Il est l’heure pour les petits first graders (=niveau CP) de se diriger vers le tapis pour le cercle du matin, du moins pour ceux qui sont à l’heure. L’école, en plus du repas de midi, fournit aussi des petits déjeuners et quelques élèves ont l’habitude de trainer le matin… Madame Marie-France (ah oui j’ai oublié dé préciser : ici et dans certains états aux US, il est plus respectueux d’appeler les gens par leurs prénoms que par leurs noms donc à SLLIS, je suis Madame Aurélie !) s’occupe des activités du cercle tandis que je sors de la classe pour faire quelques photocopies. Dans le cercle, les élèves apprennent à formuler la date du jour, à parler de la météo, des mois, des saisons en français. On leur explique ce qu’ils vont écrire dans leurs cahiers, cela peut être une comptine ou une liste de mots contenant le son « eau » par exemple. Les petits malins qui n’écoutent pas sont renvoyés immédiatement à leurs tables ! On ne rigole pas avec Madame Marie France !

9h15-10h00: Moment de dur labeur ! Les élèves, un par un, vont chercher leurs cahiers d’écriture... « Plus un bruit ! Le prochain qui parle... ! » Entre les élèves qui passent leur temps à tailler leurs crayons, ceux qui rêvent en louchant sur le travail du voisin et ceux qui donnent des coups de pied dans leurs tables car ils ont décidé de ne rien faire, il n’en reste pas beaucoup qui sont concentrés et qui auront fini à temps ! «tant pis pour vous, vous n’irez pas en récré ! » (« No recess ! ») Comme si cela marchait ! Pfff ! Avec Mme Marie-France, nous avons récemment expérimenté une nouvelle méthode pour les pénaliser qui s’avère assez fructueuse.. Ceux qui n’ont pas fini partent en récré avec leurs cahiers et finissent d’écrire dans la cour. Alors là, comme par hasard, le rythme s’accélère ! On voit les copains jouer, courir comme des fous, ça motive plus pour terminer l’écriture!

10h00-10h20 : Récréation qui a lieu sur un parking près de l’école ! Eh oui on fait ce qu’on peut à SLLIS ! En dépit de nos fréquentes interventions car quelques rigolos viennent encore de se bagarrer et de se lancer des pierres et de ce vieux portail rouillé du parking grand ouvert que nous sommes obligés de bloquer (faudrait pas en perdre un quand même !), nous les professeurs et stagiaires arrivons à communiquer et à profiter de ce petit break également… :) Pas de sonnerie ni clochette pour signaler la fin de la récré, quelques coups de sifflet suffisent à faire rentrer ces petits garnements.. !

10h20-11h05 : L’heure des maths ! « Aurélie, peux tu distribuer les petites ardoises blanches stp? » me demande Mme Marie-France. « Ouii bien sur ! » Je distribue les feutres et aussitôt, quelques élèves me bombardent de « My pen does not work ! » «  mon stylo ne fonctionne pas ! » Alors là je fais le tri dans la boite, c’est vrai que c’est pas facile de trouver des stylos qui marchent ici ! Rhha ! Notre boss préfère mettre l’argent ailleurs ! I got it ! Contrairement aux écoles primaires françaises, l’école publique américaine ne demande pas aux parents d’acheter les fournitures scolaires. Il est 10h35, nous n’avons toujours pas commencé le cours de math. Je passe de table en table et m’arrête dès que je sens qu’un élève a besoin d’aide.

11h05-11h15 : Retour dans le cercle! Quelques minutes consacrées à la remise des pass (sorte de cartes d’étudiants) qui permettent aux enfants d’acheter leur déjeuner à l’école, et à la discipline. On se prépare pour le « dîner » comme dirait Madame Marie France en québécois ! Nous répétons pour la enième fois qu’une fois sortis dans le couloir, nous avançons en file indienne et nous sommes SILENCIEUX. Nous leur rappelons qu’ils sont responsables des choix qu’ils font et qu’ils seront punis s’ils ne font pas les bons. A ce moment là, ils sont attentifs et obéissants. Ils ont faim. S’ils pouvaient toujours être comme ca !

11h15-11h45 : Oui oui, vous avez bien lu ! Ca fait qu’une demi-heure pour déjeuner ! L Bouhhh ! Notre classe qui compte 22 élèves occupe deux tables dans la cafétéria : une pour les élèves qui mangent le déjeuner de l’école et une pour les autres qui ont une boite à déjeuner « lunch box », soigneusement préparée par la maman qui, au passage, a glissé un petit mot d’amour. « Be nice at school. I love you. Mummy. » Madame Marie-France et moi mangeons avec les élèves, du moins nous essayons au milieu de ce brouhaha infernal et de ces projectiles mystérieux... Inutile de s’attarder sur le sujet de la nourriture qui est servie à l’école mais en quelques mots : c’est hamburgers, hot dogs, nachos, pommes de terres toujours servis avec deux-trois légumes et fruits histoire de se donner bonne conscience.

11h45-11h50 : Cinq bonnes minutes, le temps de remonter dans la salle de classe. Alors là, après l’épisode de la cafeteria, c’est le chaos total ! Courage, il ne me reste plus que 3 heures et la journée est finie ! Les élèves sont littéralement incapables de se mettre en ligne en silence. Une fois remontés dans la classe, les élèves posent leurs têtes sur les tables pendant quelques minutes, et l’atmosphère de la salle de classe redevient plus calme.

11h50-12h30 : L’heure du story time ! Ma petite demi-heure en tant que « lead teacher » cette fois ! Je lis une histoire en français et les élèves sont en général très concentrés et écoutent attentivement. Certains sont vraiment passionnés par les histoires ! Dans leurs yeux, je vois sans peine tout l’intérêt qu’ils portent !  Je prends bien soin d’expliquer en anglais, si nécessaire, les mots français un peu complexes et d’expliciter les jeux de mots rigolos de l’auteur. Je suis toujours très fascinée par leur incroyable capacité à comprendre toute une histoire dans une langue qui n’est pas la leur. Après la lecture, je leur pose des questions sur l’histoire pour évaluer leur degré de compréhension et sur le vocabulaire nouveau. Je leur demande qu’ils me répondent en français, c’est mieux ! :)) J’essaie de les faire parler le plus possible. Quand il nous reste un peu de temps avant la récréation, j’organise des petits jeux d’équipes ou les enfants répondent à des quizzs en français. C’est très, très rigolo ! C’est à vrai dire un de mes meilleurs moments de la journée !

12h30-12h55 : Les enfants partent à nouveau en récréation. Cette fois-çi, elle n’a pas lieu sur un parking mais sur un terrain de jeux plus adapté aux enfants avec une marelle multicolore gravée au sol et des paniers de baskets. Au fond de la cour, il y a même un jardin et à l’intérieur de celui-çi, une petite marre. Les élèves n’y ont pas accès mais ca embellit tout de même la cour de récréation. Certains professeurs emportent quelquefois des cerceaux et des cordes à sauter pour leurs élèves. Cette seconde récréation est beaucoup plus divertissante.

12h55-13h50 : Les élèves ont un cours spécial suivant le jour de la semaine. En anglais, ils utilisent le terme « specialist ». Le lundi, ma classe a le cours de sport : les élèves vont dans le gymnase et pratiquent le basket,  jouent au frisbee ou encore font des courses de relais. Quand le temps s’y prête, nous les emmenons dans un parc de jeux qui leur permet de se défouler ; le mardi, le cours de musique : les élèves apprennent le solfège, chantent des chansons en français et ont même l’opportunité de jouer quelques instruments ; le mercredi, le cours de bibliothèque. Le professeur ou moi-même leur lit une histoire (en français ! of course) et ensuite, interagit avec eux en discutant du livre et en développant certains points importants. Les activités organisées diffèrent suivant les cours, quelquefois les élèves sont amenés a choisir eux-mêmes un livre et lisent indépendamment et d’autres fois, ils doivent écrire et dessiner des choses qui soient en rapport avec le livre qu’ils viennent de choisir. Le jeudi, le cours de yoga. Celui-ci est quelquefois substitué par la sortie au parc de jeux qui se trouve tout près de l’école. Ah ce parc ! Ce n’est pas les enfants qui vont se plaindre d’une troisième récréation ! Enfin le vendredi, c’est le cours d’art. Les petits artistes en herbe laissent libre cours à leur imagination et créent de superbes masques en papier mâché ou de petites sculptures en pâte à modeler. Moi, en tant que stagiaire, j’accompagne les élèves aux cours de « specialists » et Madame Marie-France en tant que « lead teacher » a droit a une pause bien méritée.

13h55-15h00 : Retour dans la classe ! C’est l’heure des ateliers de mathématiques ou de littérature, suivant le jour de la semaine. La classe est divisée en 6 groupes. Chaque groupe va a un atelier différent. Quand il s’agit des ateliers de littérature, les ateliers sont les suivants : feuilles d’exercices, cartes illustrées (les enfants doivent s’exprimer en français avec leurs camarades et dire ce que cela représente), dominos lettrés, cartes illustrées à remettre dans le bon ordre et qui doivent constituer une histoire cohérente, classeurs de lecture, et scrabble simplifié. Les ateliers de mathématiques varient de la même façon : nous avons aussi des feuilles d’exercices, des dominos, des cubes et des bâtonnets à manipuler qui représentent les unités et les dizaines, un jeu de société très bien construit ou les élèves doivent répondre a des questions et des jeux de figures géométriques a reconstituer. Tandis que je suis moi-même à un atelier, Madame Marie France tente d’expliquer a un groupe d’élèves une leçon sur la monnaie par exemple ou sur les fractions. Nous ne pouvons pas être a tous les ateliers à la fois mais nous les supervisons du mieux que nous pouvons. Bien entendu, au bout de 5-10 minutes, chaque groupe change d’atelier. Le mercredi, à cette heure çi, cela peut être aussi l’activité des fiches de lecture. Les élèves choisissent un livre, le lisent en silence et doivent  ensuite répondre a un questionnaire qui met en avant ce qu’ils ont apprécié et ce qu’ils ont préféré dans l histoire. Et le vendredi, comme moi et Madame Marie France sommes toutes les deux assez fatiguées de notre semaine, nous les laissons parfois regarder un film ou jouer dans la classe au lieu de faire les ateliers ou les fiches de lecture. On laisse leurs cerveaux se reposer un peu…

15h00-15h30 : L’heure du snack et de l’arrivée des parents. Nous servons le snack (qui est toujours fourni par les parents des élèves) pendant que chaque élève, à tour de rôle se lève pour rassembler ses affaires : sac à dos, manteau, boite à déjeuner ET classeur ! Il sert de cahier de liaison entre le professeur et les parents. Au recto, dans la pochette plastifiée,  il contient la fiche d’évaluation du comportement de l’élève ou chaque petite case correspond à un jour. Quand l’élève a été sage et n’a causé aucun problème durant la journée, il obtient une étoile. Quand il n’a pas respecté les consignes ou a dérangé un camarade, il perd l’étoile et obtient un 1 à la place. Il est rare que l’on donne un 2 aux élèves, cela arrive seulement quand celui-çi a été insolent ou a eu plusieurs punitions dans la journée. Les parents sont supposés signer cette feuille chaque soir après l’école. Les élèves y accordent une grande importance et il n’est pas rare de les voir se vanter d’avoir obtenu une étoile auprès de leurs camarades. A l’inverse, cela suscite aussi beaucoup de crises de larmes quand des 1 ou des 2 sont donnés ! A la fin du mois, les élèves qui ont eu plus de 13 étoiles par exemple, reçoivent un petit cadeau de la part de Madame Marie-France.

mercredi 18 janvier 2012

L'Arbre Généreux de Shel Silverstein: The saddest child book EVER!!





C’est peut-être mon humeur maussade de ce soir qui me pousse à commenter ce livre pour enfant très émouvant, intitulé L’arbre généreux (The Giving Tree) et écrit par Shel Silverstein, mais je pense sincèrement qu’il en vaut la peine car il sème des idées auxquelles nous avons envie de réfléchir. Et il n'y a pas que les classiques et les essais qui méritent d'être analysés!

J’ai découvert cette merveilleuse histoire à l école francaise dans laquelle je travaille et l’ai lue à mes petits élèves pendant mon fameux « story time ». Ma collègue m’a prévenue de la profondeur du livre et m’a confié qu elle avait eu les larmes aux yeux la première fois qu elle l’avait lue devant les enfants... Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qu'elle voulait dire..

C’est l’histoire d’un arbre qui aime un petit garçon et qui l’aime en retour . Ils sont heureux ensemble et l’arbre, isolé apparemment, ne se sent pas seul car le petit garçon lui rend visite tous les jours. Il cueille ses feuilles, grimpe à son tronc, mange ses pommes, joue à cache-cache jusqu’au jour ou le petit garcon grandit et a d’autres préoccupations. Adolescent, il ramène un jour sa petite amie près de l’arbre et plus tard, lorsqu’il devient adulte, il ne rend visite à l’arbre uniquement pour obtenir quelque chose. Une fois, il dit qu’il a besoin d’argent et l’arbre lui offre ses pommes afin qu il les vende au marché. Une autre fois, il désire une maison et très généreux, l’arbre lui offre ses branches pour l’aider à la construire. Et une autre fois encore, le petit garcon qui a vielli demande plus de bois pour se faire un bateau et l’arbre alors coupe son tronc entier. L’homme a pris tout ce qu il a pu et l’arbre n’a strictement plus rien à lui offrir.. C’est ce qui lui dit lorsque l’homme revient près de lui mais ce dernier ne désire plus rien, il est vieux et fatigué. Il a juste envie de se reposer. L’arbre généreux lui propose de s’asseoir sur la « vieille souche » qu’il est devenu et tous deux se retrouvent. L’arbre est de nouveau heureux. 

L'illustration en noir et blanc et simplifiée au possible nous plonge dans un univers propice à la reflexion.

Quelques points importants à développer !

Tout d’abord, ce qui est frappant pour nous, adultes, qui lisons cette histoire, c’est la claire représentation de l’évolution de nos besoins dans notre vie à mesure que nous grandissons. Et c'est cela justement qui rend ce livre si triste! :) Au début, le petit garçon arrive à être heureux en compagnie de son ami, l’arbre ( qui est un personnage à part entière dans le récit), simplement en se balançant à ses branches ou en mangeant ses pommes. Il ne demande qu’à s’amuser et à passer du bon temps auprès de lui (tout en ignorant que par sa seule présence, il lui procure un bonheur sans nom.) Mais ce petit garçon a grandit au milieu du livre et ne pense plus trop à s’amuser. Il commence à délaisser l’arbre peu à peu.. Sur la page qui illustre « Mais le temps passa », nous voyons l’enfant de 14 ans environ, adossé contre l’arbre, le genou replié, le regard pensif.. Et sur la page suivante qui illustre « Et le garçon grandit », nous le voyons à moitié caché derrière l’arbre en compagnie d’une petite amie et un cœur supplémentaire est dessiné sur le tronc. ( Le cœur qui indique l’amour entre l’arbre et l enfant apparait dès les premières pages. L’enfant s’éloigne donc de son ami… Passé l’age de vingt ans, l’enfant lui demande de l’argent pour « s’acheter des trucs et s’amuser ». L’arbre essaie de le convaincre de s’amuser comme au bon vieux temps mais l’enfant avoue ne plus en avoir envie. Plus tard, il demande du bois pour la maison qu’il veut construire, dit « vouloir une femme et des enfants  et a « besoin » d’une maison. Dans cette situation, l’arbre est un spectateur passif qui assiste à la disparition douloureuse et progressive de l’objet de son bonheur pendant que celui-ci agit en fonction de ses besoins sans se questionner et s’imaginer une seule seconde l l’impact négatif qu il va laisser sur la vie de celui qui subit aussi ces changements d’une manière indirecte. Comment concorder ces deux catégories de besoins ( on distingue les besoins qui évoluent et ceux qui stagnent) qui entrent en conflit dans le livre ? Car les besoins dans la vie de l’arbre ont cessé d’évoluer contrairement à ceux du petit enfant/homme qui désire toujours plus…D'emblée, l’analogie entre l’arbre et la mère/grand-mère est bien distincte. D'ailleurs, dans la version originale américaine, nous avons le pronom personnel "she" pour désigner l'arbre... L histoire de ce livre est intéressante car chaque lecteur adulte va être indéniablement renvoyé à son propre vécu et va ainsi repenser aux personnes dans sa famille qu'il a pu « délaissées » malgré lui parce qu'il en est ainsi dans la réalité: nos besoins changent et évoluent en fonction des différents stades de notre vie ET fatalement, cela va affecter notre entourage d'une manière ou d'une autre car c'est une autre vie que nous nous accaparons a chaque fois, nous la transformons et remplaçons certains acteurs.
Ce livre me fait penser à ma grand-mère notamment qui m’a vue grandir et m’éloigner (au sens littéral et figuré).. Elle aurait souhaité que je ne grandisse jamais et moi aussi, tiens!

« L’arbre généreux » : l’arbre qui donne plus qu’il ne reçoit. Il se donne corps et âme à l’enfant  sans rien exiger de lui en retour, si ce n’est qu’un peu de son amour et de son temps en fin de compte. Sa dévotion et sa générosité sont sans limites. Comment est ce qu‘il peut autant aimer et donner ? (Ses deux mots sont indissociables ici..) Parce que tout simplement l’enfant est le rayon de soleil de sa vie. Il l’aime inconditionnellement et est prêt à sacrifier sa vie s’il le faut alors il ne compte pas et ne prête pas attention à tout ce qu’il fait . Jusque là, c'est assez simple : quand on aime vraiment, on peut donner et donner sans rien exiger en retour mais voici la vraie question qui se pose dans le livre : L'enfant peut-il lui rendre un jour tout ce que l’arbre lui a donné ? Cela nous fait penser à la mère qui consacre une partie de sa vie à élever son enfant et à l’aimer véritablement ( par aimer on entend, comprendre, accepter, pardonner certaines choses) sans se soucier si un jour l’enfant fera à son tour des sacrifices pour l’aider et lui donner tout ce dont elle a besoin. Il arrive que dans certains cas , les rôles peuvent finalement s'inverser. La mère vieillit et l’enfant adulte s’occupe de sa mère plus ou moins de la même manière qu’elle l’a fait pour lui quand il était plus jeune. Et dans d’autres cas, pour x raison, l’enfant ne rendra jamais à sa mère tout ce que celle-ci a pu lui donner au cours de sa vie . ..Et alors, que penser?
Penser qu'on finira tout de même par renvoyer l'ascenseur d'une manière ou d'une autre, pas à la personne concernée mais presque... La vie, c'est comme ça, elle est faite de cycles, étant elle-même un grand cycle: Comme disait Sportès: "Tout est cycle, cercle vicieux, éternel retour". C'est à dire que la Vie fera en sorte que vous en fassiez de même un jour ou l'autre pour votre enfant, vous l'aimerez inconditionnellement, lui donnerez tout ce que vous pourrez... Le monde nous reprends toujours ce qu'il nous a donné (ce qui est bien et pas bien, ça dépend de quoi on parle...!) Si vous ne pouvez pas vous occuper de votre maman à votre tour comme elle l'a fait pour vous, c'est pas grave, vous le ferez plus tard, vous deviendrez à coup sûr l'arbre généreux. Nous sommes tous des arbres généreux.